Mas Nicolas Nicolas Maury
Le Coudougno
34480 Cabrerolles
Tél : +33 (0) 6 87 49 81 28
Email : contact@masnicolas.com
Site web : https://www.masnicolas.com
En devenant vigneron indépendant alors qu’il n’a pas vingt ans, il rompt avec l’histoire des deux générations de coopérateurs qui le précèdent. Les pieds bien plantés dans la terre et la tête pleine de projets, il sait ce qu’il veut tout en restant curieux et ouvert à la découverte. Rencontre avec celui qui, en 2014, devient le plus jeune vigneron de l’appellation !
Jeune pousse
Vous êtes la cinquième génération d’une famille de vignerons faugérois. La passion se transmettrait donc de père en fils ?
(Rires) C’est loin d’être toujours le cas ! Mais en ce qui me concerne : oui. Je suis un enfant de la campagne, de la terre. J’ai passé toute mon enfance ici, à jouer entre vignes et garrigues, à ramasser des asperges, nourrir les faisans, construire des cabanes… Bref, « trafiquer » dans la nature, comme on dit chez nous. Et bien sûr, j’aidais mon père à la vigne ! J’ai eu de la chance parce qu’il a effectivement réussi à me passionner : il m’expliquait tout, ne me forçait jamais et même les petites tâches ingrates étaient faites avec le sourire, dans la bonne humeur. Une fois que la passion t’a piqué, tu ne peux plus l’expliquer… Je suis manuel, j’aime ce métier de la terre, travailler à l’extérieur : j’ai très vite su que je m’occuperai un jour des vignes familiales et tout s’est rapidement dessiné.
Votre père est coopérateur, pourtant vous avez choisi de créer une cave particulière.
Mon père m’a toujours laissé libre de mes choix et il m’a absolument soutenu. Il m’a tout simplement dit : « C’est un chemin différent, mais si c’est que tu veux faire, alors vas-y ! ». Et c’était ce que je voulais faire : le vin, c’est quand même l’aboutissement du travail de toute une année ! Il n’y a là rien de très original en réalité – je crois que c’est un objectif partagé par tous les vignerons indépendants qui s’installent : aller au bout de la chaîne d’élaboration du produit. Et puis il me semble que ça me permet de participer activement à l’histoire du domaine tout en y apposant ma griffe personnelle.
Très rapidement après la création du Mas Nicolas, vous opérez d’ailleurs des changements assez radicaux, notamment avec la pratique de l’agriculture biologique…
J’ai grandi à Faugères où beaucoup de vignerons pratiquent depuis longtemps l’agriculture raisonnée ou la bio : ça joue ! Mais ma génération a aussi été bien plus sensibilisée au respect de l’environnement que les précédentes. Par la télévision, les débats de société, le recul qu’on a pris progressivement. Puis j’ai fait mes premières expériences de terrain. Tu fais le lien avec l’impact sur la biodiversité, les cours d’eau, toute la chaîne de l’écosystème. Sachant qu’au bout du compte, toi aussi tu te nourris de la terre ! Bref, le passage au bio me semblait évident, la confusion sexuelle* et l’enherbement spontané en hiver aussi.
En réalité, malgré la jeunesse, la vôtre et celle du domaine, vous allez déjà plus loin, en plantant régulièrement des arbres fruitiers, et notamment des cognassiers.
Cet arbre dont la culture est assez peu répandue est même devenu l’emblème du domaine. C’est qu’il y a toujours eu des cognassiers sur le domaine : le long du ruisseau où pâturaient des chèvres, ou directement dans les vignes. Ils font partie de l’histoire du Mas Nicolas ! Le lieu-dit « Le Coudougno » vient de l’ancien français « Coudougnac » et est inspiré du mot « Codonyat », la pâte de coing en Occitan. Mais quand l’activité pastorale a cessé, l’état des arbres et des abords du ruisseau s’est dégradé. Je trouvais ça vraiment dommage et j’ai décidé d’y remédier ! Quinze de mes dix-huit hectares sont ici, en pleine nature, entourés de bois : il n’y a donc pas vraiment besoin d’arbres supplémentaires en réalité. Mais j’ai regroupé ceux qui étaient très isolés, en ai planté d’autres, et mon projet c’est de continuer à planter une trentaine de jeunes arbres chaque année, notamment autour des trois hectares qui sont moins boisés. Aujourd’hui, j’ai deux hectares de cognassiers, autant d’oliviers et un verger mixte où je plante une espèce différente chaque année.
Quel est votre objectif ?
Au départ, c’est surtout que je trouvais ça beau, ça permettait d’embellir le domaine – c’est un vrai petit coin de paradis ici ! Mais ça me permet aussi de cultiver la biodiversité, et de diversifier mon activité ! Les contraintes saisonnières de chacune de ces cultures se succèdent bien, même si la priorité reste la vigne et le vin.
Vos vins ont rapidement été appréciés au sein même du monde des professionnels. Quelle est votre ligne directrice pour leur élaboration ?
Ce qui me plaît c’est de faire des vins équilibrés, fruités et gourmands, avec une belle buvabilité. Je recherche des degrés d’alcool qui ne soient pas trop élevés et une certaine fraîcheur – autant que faire se peut sur notre terroir de schiste méditerranéen bien sûr, mais un peu moins concentrés que ce qui a pu être la mode à une époque ! C’est dans cet objectif que je travaille toute l’année. En cave, je vinifie tout séparément, c’est hyper intéressant car ça me permet d’apprendre à connaître mes parcelles un peu mieux chaque année et je commence à pouvoir prendre des décisions plus adaptées, surtout à la vigne.
Pourtant, vous êtes pour ainsi dire né ici : vous connaissez le terroir de Faugères par cœur non ?
(Rires) Oui et non ! C’est un beau terroir dans le sens où il y a beaucoup de petits endroits magiques avec une ambiance assez différente suivant les secteurs : les reliefs, l’altitude, la végétation, les paysages et les capitelles. Pour la vigne, le schiste n’est pas un sol facile. Imaginez une graine qui pousse dans un caillou, avec peu d’eau et beaucoup de soleil : elle met du temps à s’enraciner, mais quand c’est fait, le résultat est extrêmement qualitatif. Et ça je le constate bien sur les vieilles vignes ! Ceci dit, avant d’être vigneron, je n’observais pas tout ça de la même manière et ne me posais certainement pas les mêmes questions ! Et puis, ce métier, on n’a jamais fini de l’apprendre !
C’est un métier complexe ?
Très complexe ! On vit dans un monde très règlementé qui va à la vitesse de la lumière. Or, comme tous les métiers de la terre, le métier de vigneron doit s’accorder au rythme des saisons et de la nature : il faut prendre le temps, d’observer, de faire, être là, tout le temps. Car il n’y a jamais « un problème – une solution » mais des milliers de facteurs et un large champ d’actions. C’est passionnant et je n’ai que 25 ans, la route est encore longue…
PORTRAIT CHINOIS
Si tu étais un arbre du vignoble ? Un chêne vert ! Parce qu’il vit longtemps !
Un accord musique et vin ? Les bruissements de la nature avec un verre de Coing’cidence !
Ta devise ? Toujours aller de l’avant !
Le vin, c’est plus qu’une boisson c’est… ? Du rêve !
Si tu étais un cépage ? Le Carignan. Parce qu’il est souple et gourmand !
La couleur de Faugères ? Le rouge !
Le Coudougno
34480 Cabrerolles
Tél : +33 (0) 6 87 49 81 28
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