Mas Gabinèle Thierry Rodriguez

Quand la passion du vin rencontre l'esprit d'entreprise

Originaire de la plaine biterroise, Thierry passe son enfance dans le Sud de la France avec ses parents commerçants. Il aide parfois ses grands-parents à la vigne mais ils lui déconseillent cette voie. Et bercé par l’univers mythique que propose le cinéma américain de l’époque, lui-même a surtout en tête de voyager : « L’Amérique, les USA : c’était mon rêve. L’immensité, la liberté, l’étendue des possibles… ». Un rêve qu’il réalisera des années plus tard… grâce au vin !

Thierry commence une carrière liée au commerce mais l’univers du vin le passionne. Il a l’esprit d’entreprise et décide, en 1993, de se lancer, seul, dans l’aventure du négoce. « Ça a démarré tout doucement. Tout le monde pensait que j’allais échouer mais, moi, je savais que c’était une question de temps. Et ma famille m’a soutenu, bien heureusement ! ». Son positionnement : ne vendre que des vins languedociens sélectionnés pour leur qualité. Si quelques temps plus tard, la réussite est là, l’appel se fait plus pressant : « Je voulais faire mon propre vin : de la vigne au chai ! » raconte-t-il.

Le choix de Faugères

Dès 1998, Thierry acquiert 2,5 hectares en AOP Faugères : « Dès l’enfance, j’avais entendu dire que Faugères, c’était le haut du panier en Languedoc ! Au moment de l’achat, je n’avais évidemment pas tout goûté mais les vins de la cave coopérative étaient déjà vraiment qualitatifs. Et j’avais aussi gardé le souvenir de celui de Gilbert Alquier : c’était le meilleur de la région dans les années 1980 ! ».

Après son installation, il constate : « Le terroir de Faugères donne aux vins une expression particulière liée aux sols de schistes et à la végétation environnante, avec une douceur naturelle et assez étonnante des tanins. On y trouve des arômes bien spécifiques : garrigue, graphite, encre, tabac, pierre à fusil ; et beaucoup de minéralité sur les Blancs ». Persuadé qu’il faut cultiver des variétés adaptées au terroir, Thierry fait partie du groupe qui travaille à une éventuelle adjonction de variétés au nombre de celles actuellement autorisées par le cahier des charges. En attendant, il expérimente grâce à une collection de cépages patrimoniaux, notamment gris, qui n’y figurent pas.

Un domaine de Haute Valeur Environnementale (HVE)

Les coteaux et les zones de garrigue sculptent les reliefs faugérois, ce qui conforte son choix : « C’est un bel environnement, préservé, et ça n’est pas donné à tous les vignobles ! Il faut protéger ces beaux paysages de piémont », explique-t-il. Pour protéger les vignes du vent et de favoriser la biodiversité, il aménage son vignoble en plantant des arbres et des arbustes locaux : amandiers, arbousiers, pistachiers, ou chênes kermès. Cultivant aussi quelques parcelles d’oliviers, il est également producteur d’huile d’olive. Sa philosophie : une agriculture raisonnée, au sens noble et depuis toujours. Curieux, il participe régulièrement à des formations qui lui permettent d’aller toujours plus loin dans sa compréhension du terroir. Le Mas Gabinèle est certifié de Haute Valeur Environnementale depuis 2016, et Thierry prépare sa conversion à l’agriculture biologique.

L’excellence comme quête perpétuelle

Rarissime, Inaccessible : les noms des cuvées-phares du Mas Gabinèle donnent le ton. Thierry a compris dès son installation que Faugères ne laissait pas le choix : ce terroir délicat permet l’élaboration de très grands vins autant qu’il impose un positionnement haut de gamme. Médaillés à de nombreuses reprises (Decanter, Wine Advocate, entre autres), les vins du Mas Gabinèle connaissent un succès toujours renouvelé. Aujourd’hui comme hier, pour son domaine autant que pour l’AOP Faugères, la quête qu’il poursuit est celle de l’excellence.

INTERVIEW « SI ON METTAIT FAUGÈRES EN BOUTEILLE… »

Si tu étais une plante du vignoble ? Un olivier ! C’est un symbole de force et de solidité, il est généreux et il a un côté rustique qui résiste à tout, et capable de revenir à la vie après avoir été délaissé. Et puis j’aime la beauté de cet arbre tourmenté…

Si tu étais un cépage ? La Syrah : elle donne des choses tellement belles.

Si tu n’étais pas vigneron… ? … Libraire… Mais spécialisé… Dans la vigne et le vin !

Si tu étais un morceau de musique à écouter avec l’une de tes cuvées ? La quête  de Jacques Brel. C’est en hommage à cette chanson que j’ai nommé ma cuvée « inaccessible ».

Si tu étais un hashtag ? #NonJeNeSuisPasUnHashtag. On tombe un trop dans l’excès d’utilisation de ces nouveaux outils de communication de nos jours…

©️Pascal Potier