Domaine Binet-Jacquet Olivier Binet et Pierre Jacquet
Lieu-dit rieutord- Route de Pézenas
34600 Faugères
Tél : +33 (0) 6 21 14 82 07 merci de prendre RDV pour les visites
Email : domaine@binet-jacquet.com
Site web : http://www.binet-jacquet.com
Coup de foudre professionnel à Cabrerolles sur le Piémont du Haut-Languedoc, la rencontre d’Olivier Binet et Pierre Jacquet est le début d’une histoire que ces deux passionnés décident d’écrire à partir d’une page blanche : pour être libre de penser, agir, construire, pour récolter les fruits d’un travail auquel ils auront mis leurs tripes et leur cœur.
Rencontre sur le Piémont du Haut-Languedoc
« Domaine Binet-Jaquet » : le domaine est né en effet de votre rencontre avec Olivier Binet. Comment a-t-elle eu lieu ?
Cela faisait plusieurs années que je travaillais comme gérant d’exploitation à Cabrerolles sur le Faugérois. Plusieurs années aussi que je rêvais d’avoir mon propre domaine sans pouvoir franchir le cap. Un jour, j’ai croisé Olivier qui se trouvait dans la vigne voisine et on a commencé à échanger. Il était passionné de vin depuis toujours, et passionné de schistes en particulier. On s’est surtout rapidement retrouvé autour de la biodynamie et on a de suite compris qu’on était complémentaire : un véritable coup de foudre professionnel ! Aujourd’hui encore, on a presque toujours les mêmes idées au même moment.
Vous avez « commencé petit », avec 2,5 hectares achetés en 1999 puis plantés à partir de 2001, et un premier millésime en 2005. Et vous avez ensuite agrandi votre vignoble en procédant toujours de la même façon jusqu’à atteindre une surface de 9 hectares aujourd’hui. Pourquoi ce choix ambitieux de tout planter vous-même ?
En réalité, on a quand même acheté une parcelle de vieux Carignans en 2006 : c’est le temps, en effet, qui permet à ce cépage de donner le meilleur du terroir. Mais pour le reste, effectivement, on voulait écrire une histoire viticole à partir d’une page blanche, construire un vignoble où nous planterions toutes les vignes de nos mains, et qui n’auraient donc connu que des pratiques qui nous semblent être le meilleur moyen de sublimer le terroir : des densités élevées, des sélections massales et bien sûr la biodynamie. On voulait être complètement libre.
Vous êtes originaire de la Loire et Olivier de Suisse…. Alors, pourquoi Faugères ?
Ça n’était pas forcément une évidence au départ, mais ça l’est vite devenu. Olivier avait arpenté de nombreux vignobles, goûté des milliers de cuvées dans le cadre de ses métiers de journaliste et caviste : les vins de schiste étaient toujours au-dessus du lot, partout. En découvrant le Languedoc, puis Faugères, il en est tombé amoureux. De mon côté, j’expérimentais ce terroir depuis dix ans et je connaissais bien son extraordinaire potentiel naturel.
Qu’entendez-vous par « extraordinaire potentiel naturel » ?
On est ici sur un terroir qui repose sur une situation géographique particulière : en Languedoc mais sur des contreforts de montagne tournés vers la mer Méditerranée. On connaît donc l’influence du vent marin, celle du vent du Nord, et celle de la biodiversité de garrigue qui jouxtent les vignes. L’ensemble forme un tout, un écosystème de vignoble, qui est particulièrement favorable à la viticulture sur schiste. Il n’y a que dans le Priorat qu’on trouve des conditions plus ou moins similaires. Et c’est là-bas que j’ai pu goûter les meilleurs Carignans sur schiste !
C’est ce qui vous guide dans l’élaboration de vos vins ?
Le terroir nous guide évidemment dans la mesure où il s’impose à nous. Dans un vignoble méridional comme le nôtre, les aromatiques se portent sur des fruits rouges ou noirs, et bien souvent de la réglisse. Sur des sols vivants, le schiste vient y ajouter de la tension, ce qui se vérifie d’ailleurs sur tous les schistes : l’agroécologie permet de faire diminuer le pH. Ensuite, à chaque millésime, ses vertus et donc sa part de variabilité. Mais en toile de fond, il y a toujours la recherche de la fraicheur et de l’élégance : c’est la constante.
Comment en êtes-vous venu au bio et même à la biodynamie ?
C’était déjà une évidence au moment de la création du domaine, on l’a pratiquée dès le départ. C’est, pour Olivier comme pour moi, le fruit de la rencontre entre une sensibilité à la nature particulière et des observations et réflexions confortées par l’expérience. Les vins qui nous faisaient vibrer étaient ceux pour lesquels le vignoble était pensé dans sa globalité, dans le respect de la nature. Quant à moi, j’avais aussi beaucoup de respect et d’admiration pour le travail de Didier Barral, qui a été précurseur en matière d’agroécologie à Faugères dès 1997. On n’a jamais remis en question ce choix qui permet de favoriser équilibre du vignoble – sols vivants, biodiversité, résistance des vignes – et équilibre des vins qui offrent plus d’acidité et donc de fraîcheur. C’est qu’on appelle « nos fondamentaux ».
C’est donc une véritable philosophie de travail et une conception intime de la profession…
Une philosophie de vie, même. Le rôle de l’agriculteur devrait consister à élaborer un produit qui lui permette de vivre en veillant à ne pas trop modifier les équilibres naturels du territoire. Ils sont faciles à détruire et extrêmement difficiles à reconstruire. De la polyculture à la gestion de l’énergie, on essaie de faire du mieux qu’on peut et de faire toujours… encore mieux. L’ennemi du vigneron, c’est autosatisfaction !
Donc vous encouragez vos confrères à passer au bio ou à la biodynamie ?
Seulement s’ils se sentent prêts. Il faut avoir cheminé et être sincèrement convaincu pour relever ce défi. Il y a de réels enjeux économiques à anticiper et nos entreprises ne sont pas à but non lucratifs. On ne pourra d’ailleurs « sauver la planète » que si on gagne notre vie correctement. Alors, je préfère voir quelqu’un prendre son temps, expérimenter par endroits pour commencer, comprendre, ajuster et vraiment prendre en main cette nouvelle façon de travailler que foncer tête baisser. D’une part les chances de succès sont plus élevées, la durabilité davantage assurée et surtout l’engagement de la personne est favorisé. Il y a d’ailleurs des vignerons bio dont le travail m’horripile, et d’autres qui sont en conventionnel mais qui réfléchissent et qui font un super boulot ! Il n’y a pas lieu de construire un temple pour l’un et de diaboliser l’autre absolument sur le seul critère de la nature des produits utilisés, et surtout ça ne risque pas de faire avancer les choses.
Que pensez-vous du projet collectif de l’appellation du coup ? « Faugères, Grands Vins de Nature »…
Un Grand Vin de Nature est avant tout un vin qui vient de vignes cultivées intelligemment par des personnes concernées par leur environnement, il n’est pas forcément bio. Et je dis ça alors que je suis, moi, convaincu par la bio ! Mais la force de ce projet réside justement dans cette volonté de rassembler autour des questions agroécologiques, sans stigmatiser, sans dogmatisme. Il s’agit de partager des connaissances, des idées, des expériences pour avancer ensemble dans un objectif de durabilité. Ce n’est que collectivement qu’on trouvera des solutions pour demain : j’en suis convaincu !
INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, OLIVIER ! »
Une cuvée d’ailleurs qui t’a fait vibrer ? Case Basse (Italie, Toscane), rouge, Brunello di Montalcino Riserva 1993
La rencontre qui ta le plus inspiré ? Didier Barral, c’est un vrai passionné, à l’enthousiasme contagieux !
Si vous étiez un hashtag ? #Faugères
Ce qui te laisse sans voix ? La nature
Ce qui te met des étoiles dans les yeux ? La nature
Lieu-dit rieutord- Route de Pézenas
34600 Faugères
Tél : +33 (0) 6 21 14 82 07 merci de prendre RDV pour les visites
Email : domaine@binet-jacquet.com
Site web : http://www.binet-jacquet.com