Château de La Liquière Famille Vidal-Dumoulin

Une histoire, deux familles

Au Château La Liquière, la passion se transmet de génération en génération depuis le XIXème siècle.

Dès les années 1960, le jeune Bernard Vidal veut voler de ses propres ailes. La fraîcheur de ses idées, empreinte de liberté, se heurte à des positionnements et des processus de vinifications qui lui semblent avoir fait leur temps : il veut élaborer des vins sur la souplesse et valoriser le potentiel de ce qu’il considère comme un « grand terroir de schistes ». Contrairement aux us et coutumes de l’époque, il ne s’associe donc pas à son père – propriétaire du Château La Liquière, mais décide de fonder son propre domaine. Les premières mises en bouteilles ont lieu dès 1961 et les deux domaines fusionnent dans les années 1980.

Amoureux inconditionnel de Faugères, Bernard a des ambitions qui s’étendent au territoire tout entier. Très investi dans le projet collectif des vignerons de l’appellation – dont il sera d’ailleurs président pendant près de dix ans – il participera de façon proactive à la création des premières courbes de niveaux entre 1967 et 1970, et se fera plus tard le chantre de la culture raisonnée.

Ne s’y étant pas immédiatement prédestinés, Sophie et François, ses enfants, sont rattrapés par leur amour du vin et leur attachement à ce petit vignoble mêlé de nature sauvage : Faugères. Ils rejoignent donc l’aventure viticole de leurs ancêtres dans les années 2000. Mais Sophie n’arrive pas  seule. C’est qu’elle a rencontré durant ses études d’œnologie celui qui deviendra son mari : Laurent Dumoulin. Si les racines viticoles de ce dernier sont moins évidentes, sa passion n’en est peut-être que décuplée.

Ensemble, Sophie, Laurent et François portent l’histoire de deux familles qui font aujourd’hui l’âme de ce château dont l’organisation est finement pensée en fonction de la complémentarité de leurs compétences : Laurent à la vigne, Sophie à l’administratif, François sur le volet commercial et tous au chai. Mais « un pour tous et tous pour un » : le trio forme une équipe avant tout !

A chaque génération sa révolution douce

Loin de toute rupture brutale et radicale qui ferait fi du passé, la force du Château La Liquière réside sans doute dans la capacité de ses vignerons à faire la synthèse d’idées parfois divergentes, reflets d’une réalité complexe. Objectif : avancer on ne peut plus sûrement et durablement vers l’avenir. Alors l’échange intergénérationnel est reconnu à sa juste valeur : « La passation s’est faite en douceur, sur plusieurs années, explique Sophie. L’expérience de mon père – et des anciens en général – est évidemment extrêmement précieuse. Il a sa propre vision et nous la nôtre, alors… nous ne sommes pas toujours d’accord ! Nous sommes désormais seuls décisionnaires mais son avis reste toujours le bienvenu. ».

Dès le milieu des années 2000, le trio Vidal-Dumoulin envisage de se lancer dans la bio : « C’était du bon sens et une sorte d’évidence liée à l’attachement au Faugérois, raconte Sophie. Je crois qu’ici, tout le monde essaie de faire sa part pour préserver ce cadre extraordinaire dans lequel nous vivons. Et je ne parle d’ailleurs pas que des agriculteurs ! ». Si cette évolution s’inscrit dans la continuité du travail engagé par Bernard, il était alors question de la conversion de 55 hectares : un véritable défi sur une telle surface ! Forts de leur expérimentation réussie, ils se lancent officiellement en 2009 et Bernard, inquiet au départ, finit par se laisser convaincre avant de devenir lui-même un fervent défenseur de la bio. « Je suis très fier de constater la pertinence des orientations que mes enfants donnent au domaine, tant à la vigne que dans l’élaboration des vins ! », déclare-t-il d’ailleurs aujourd’hui.

Faisant preuve d’humilité devant une nature qu’il cherche avant tout à comprendre et accompagner, les vignerons vont d’ailleurs plus loin en matière d’agroécologie. Ils pratiquent la confusion sexuelle sur la quasi-totalité de leurs parcelles, expérimentent la biodynamie par endroits et accueillent des moutons de passage dans leurs vignes. « Les moutons ? Laurent est à fond !, s’exclame Sophie en riant. Il adore les chevaux et a toujours eu un lien particulier avec les animaux. Et c’est vrai que les avantages en matière de maîtrise de l’herbe et d’apports en matière organique naturelle sont fabuleux ! ». Le vigneron envisage même de créer son propre petit troupeau.

Toujours plus de précision et d’élégance

L’engagement de la famille Vidal-Dumoulin est également intimement lié à leur recherche œnologique. Le respect du terroir conditionne selon eux la durée de vie des vignes qui influence à son tour la qualité des jus : « On constate que nos vieilles vignes savent s’autoréguler, s’adapter et résister aux fortes chaleurs, explique Sophie, et leur façon d’exprimer le terroir est plus harmonieuse, veloutée, soyeuse. On veut favoriser cet enracinement profond dans nos sols de schiste. ». Ce schiste, qui fait l’unité géologique du Faugérois, donne bien sûr aux vins une grande part de leur typicité. Celle-ci se traduit selon Sophie par une « élégance minérale à la fois profonde, subtile et racée qui ne se révèle peut-être pas immédiatement et qu’il faut savoir apprivoiser. ». Toutefois la vigneronne insiste pour nuancer : « Dans le domaine sensoriel, la multiplicité des facteurs et la subjectivité intrinsèque au ressenti rendent délicates toute définition précise, consensuelle et quoi qu’il en soit absolue ! Mais c’est aussi ce qui fait le charme de la dégustation ! ».

Au chai, les vignerons recherchent avant tout un équilibre et une fraîcheur aérienne qui sont intimement liés au choix de la date de récolte : un moment décisif qui sollicite une attention et un suivi minutieux. Les vinifications sont douces et peu interventionnistes afin de respecter les expressions du millésime. L’influence des expositions et des variations d’altitude sur les caractéristiques des raisins est absolument fondamentale pour eux. Afin d’exploiter au mieux des « micro-terroirs » qu’ils n’ont de cesse de mieux comprendre chaque année, les vinifications, parcellaires, sont effectuées dans près de soixante cuves différentes. Un travail de précision pour ces vignerons-orfèvres qui positionnent le niveau d’élégance recherchée toujours plus haut.

Faugères et le reste du monde

Sophie, Laurent et François se sentent bien dans ce petit îlot de nature peu urbanisé qui donne parfois l’impression de se trouver hors du monde. Pourtant c’est à la fois un besoin personnel et une nécessité professionnelle quand on vise l’excellence : il leur faut régulièrement rencontrer l’ailleurs ! Salons, voyages, formations, échanges, activités sportives ou de pleine nature, mais aussi sessions de dégustations organisées ou décontractées : tous les moyens sont bons pour s’évader, se distancer du quotidien et rester à la page ! Et malgré ses compétences en œnologie, le trio se fait conseiller par une œnologue extérieure qui leur permet de prendre du recul sur une élaboration des vins qui est forcément chargée d’affect. Car le Château La Liquière, c’est bien sûr aussi et surtout une histoire d’amour avec le vin.

INTERVIEW « Ça, c’est vraiment toi Sophie ! »

Le vin, c’est plus qu’une boisson, c’est… ? Un art de vivre

La couleur de Faugères ? Ocre !

Une cuvée de confrère à suggérer ? Les Bancels de Brigitte Chevalier au Domaine de Cébène

Ce qui vous fait enrager ? La méchanceté !

Ce qui te laisse sans voix ? L’intolérance !

Ce qui te met des étoiles dans les yeux ? Mes enfants ! Mais pas que…