Domaine Valambelle Famille Abbal

La vigne dans le sang depuis la Révolution

Dans la famille Abbal, on cultive la vigne depuis la Révolution au moins. Un siècle plus tard, cette histoire viticole est interrompue par la crise phylloxérique : toutes les terres sont perdues. Mais, dès le milieu des années 1920, loin de s’avouer vaincue, la génération suivante, incarnée par Alfred Abbal, acquiert Combe Escure. Cette parcelle d’à peine un hectare constitue alors le point de départ d’une nouvelle histoire qui conduira à la création du Domaine Valambelle en 2002.

Entre temps, Alfred, porté par les idéaux socialistes, participe activement à la création de la cave coopérative de Laurens en 1936 et signe ainsi la fin – provisoire – de la vinification en cave particulière. 

Après quelques années passées en pension à la ville, c’est avec un sentiment de libération certain que son fils Michel le rejoint en 1958 : « En retrouvant les vignes, la nature, mon pays, je me suis senti vivre à nouveau ! », s’exclame-t-il encore aujourd’hui. Jeté dans le « grand bain » deux ans plus tard, Michel s’impliquera activement dans la vie de la coopérative pendant près de 25 ans. Construisant dans le même temps un vignoble majoritairement entouré de bois de garrigue, il mènera sa barque, accompagné de son épouse Marylou, jusqu’à ce que leurs enfants, Thierry et Marie, rejoignent à leur tour l’aventure. 

Le Domaine Valambelle : pour un hommage personnel à Faugères

Depuis l’adolescence, Thierry rêvait de faire son propre vin. Son arrivée sur la propriété marque un nouveau tournant dans l’histoire viticole familiale : on commence à discuter sérieusement de la création d’une cave particulière. « Et puis un jour, raconte Marie, mon père nous a réuni et il nous a jeté : « C’est maintenant ou jamais. Je suis en forme : je construis la cave ! » ». Et d’ajouter, le regard tendre et rieur tourné vers son infatigable père : « C’était l’année de sa retraite ! ». 

Tous d’accord pour rendre hommage au terroir de Faugères en s’appuyant sur leur sensibilité propre, parents et enfants se lancent donc dans la création du Domaine Valambelle en 2002. « Avec ses sols peu fertiles et son climat méditerranéen, c’est un terroir difficile, explique Michel, mais qui oblige les vignes à un enracinement profond pour résister aux fortes chaleurs. Il permet du même coup d’élaborer des vins d’une très grande qualité dans lesquels on retrouve avant toute autre chose la minéralité des schistes. ».

L’ambition de la famille vise cette élégance qui réunit puissance et fraîcheur minérale de Faugères. Leur gamme permet de la découvrir dans un style fruité et gouleyant d’un côté, mais aussi à travers des vins charpentés et aptes à la garde, de l’autre.

Bio « avant l’heure »

C’est sans peine désormais que Michel parle de son engagement précoce pour l’agriculture biologique. Mais à l’époque où cette pratique était encore très décriée, le viticulteur s’en cachait. Pourtant dès le milieu des années 1990, il décide de se passer de chimie de synthèse : « Un jour je n’ai plus entendu chanter les cigales dans mes vignes, raconte-t-il, et je me suis dit qu’on était en train de tout bousiller. Un autre jour, Thierry a fait une grosse réaction après que j’ai traité une parcelle. Et pourtant, je n’ai jamais mis que la moitié des doses préconisées. Je n’ai rien dit à personne et j’ai tout arrêté. ». L’utilité du label est alors complètement hors de propos. Jusqu’à ce jour de 2007, où la demande commerciale vient à eux : la famille entame la conversion officielle du vignoble et obtient le label à l’issue de ses trois années réglementaires.

LA RANÇON DE LA GLOIRE

Onze heures du soir, le téléphone sonne, la voix d’un inconnu s’exclame : « Votre numéro était sur la bouteille : on voulait vous dire qu’on vient de déguster votre vin. Et on l’a adoré ! ». L’heure est indue certes, mais cette nuit-là, Marylou et Michel se sont rendormis le sourire aux lèvres.

Bien qu’éduqué à la tenue de vignes « propres », c’est également Michel qui, amoureux de nature, a commencé à laisser le vignoble familial enherbé. Objectif : favoriser biodiversité auxiliaire et vie des sols. Et à quiconque avançait qu’il était inadmissible de laisser des parcelles « dans cet état », il rétorquait : « T’occupe ! L’herbe, c’est la vie ! ».

D’hier à aujourd’hui : on pense à demain

Aujourd’hui Marie et Thierry tiennent les rênes du domaine et marchent avec fierté dans les pas agroécologiques de leurs parents : « Notre santé est évidemment primordiale, explique Marie. Mais l’idée de laisser aux générations d’après une planète en bonne santé l’est tout autant ! ».

Michel et Marylou ne sont toutefois jamais bien loin : ils continuent de mettre la main à la pâte quotidiennement et espèrent voir leurs enfants se lancer dans la biodynamie. « Le projet est tentant, explique Marie, et certains copains vignerons nous font des retours d’expérience séduisants. Mais on a encore besoin de s’informer, se former, échanger : soit on le fait bien, soit on ne le fait pas. Et sur les 24 hectares que nous cultivons désormais, cela reste quoi qu’il en soit un challenge d’envergure. On commencera peut-être par expérimenter sur une parcelle pour voir… Mais ce n’est pas pour tout de suite. ».

Source d’inquiétude pour l’ensemble de la filière, le changement climatique incite les jeunes vignerons à la prudence et à la réflexion. De la diversification de leur activité ici, sur les sols peu fertiles du Faugérois, ou peut-être même ailleurs, ils comptent bien tout mettre en œuvre pour continuer à élaborer de grands vins de Faugères et vivre de leur passion.

INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, MARIE ! »

Si tu étais une plante du vignoble ? Un arbousier !

Si tu étais un cépage ? Le Mourvèdre !

Une cuvée de confrère à suggérer ? Comète du Château Anglade , chez Antoine Rigaud.

Le vin c’est plus qu’une boisson, c’est… ? Du plaisir !

Un accord Met & Valambelle à suggérer ? Du chocolat avec la Grande Cuvée !