Domaine Saint-Antonin Frédéric Albaret
Hameau de Lenthéric
34480 Cabrerolles
Tél : +33 (0) 4 67 90 13 24
Fax : +33 (0) 4 67 90 06 43
Email : contact@domainesaintantonin.fr
Site web : http://www.domainesaintantonin.fr
De l’agriculture biologique, au pâturage de moutons dans ses parcelles en passant par l’enherbement semé, l’étendue de ses engagements agroécologiques témoigne de la passion qui continue de l’animer : celle de la viticulture. Rencontre avec ce vigneron de caractère, Enherbeur de surcroît, qui croit dur comme fer à la puissance du terroir de Faugères : Frédéric Albaret.
La vigne et la nature d’abord
Citadin d’origine, comment en êtes-vous venu au métier de vigneron ?
J’ai grandi à Montpellier, ville qui était alors quelque peu différente de celle qu’on connaît aujourd’hui. Moins peuplée, la campagne semblait toute proche, on s’y déplaçait souvent en famille… J’allais même pêcher dans le Lez avec mes copains à la sortie de l’école ! Après quelques expériences saisonnières réalisées très jeunes et notamment pendant les vendanges, j’ai compris que l’univers agricole me correspondait et me suis lancé dans cette voie. Ici en Languedoc, la viticulture était une spécialisation pour ainsi dire… évidente !
Après quelques années passées à travailler pour d’autres, c’est en 1994 que vous vous lancez en solo. Et vous choisissez l’appellation Faugères... Pourquoi ?
Je me suis de suite senti bien dans ce vignoble situé entre Cévennes et garrigues : les variations d’altitude impliquent une jolie diversité de paysages et de flores, des genêts aux châtaigniers en passant par les arbousiers. Ici la nature est préservée ; le territoire ne connaît pas la pression de l’urbanisation si bien que, malgré sa petite taille, on peut y marcher quatre ou cinq heure sans croiser personne. C’est rare ! Par ailleurs, l’appellation disposait déjà d’une belle notoriété. Sans parler du fait que les premiers vins du Languedoc qui m’ont vraiment plu en étaient issus. Ici, le terroir est vraiment fort, puissant : il a une véritable identité qui marque les vins de son sceau, au-delà de leur diversité.
A quoi cette puissance du terroir faugérois est-elle due et comment se manifeste-t-elle effectivement dans les vins ?
Les sols de schiste – peu fertiles mais profonds – jouent beaucoup sur la capacité des vignes à s’enraciner en profondeur, à résister au stress hydrique et donc à garantir la constance de la qualité des vins. Ils sont naturellement concentrés puisque les rendements sont faibles, mais cette alimentation en eau leur confère une certaine fraîcheur. Leurs aromatiques sont marquées par la diversité de la nature environnante : fruit-garrigue du côté d’Autignac au sud et fruits-épices du côté de La Liquière par exemple.
Et vous, quels types de vins élaborez-vous au Domaine Saint-Antonin ?
Depuis mon installation, les profils de mes vins ne cessent d’évoluer, entre autres parce que mon goût personnel a lui-même évolué. Je recherche toujours la complexité mais sans la concentration qu’une époque semblait vouloir à tout prix lui associer : pour moi, un vin est bon lorsqu’on le boit avec plaisir, et presque sans s’en apercevoir. Le choix des assemblages permet de créer des profils de vins différenciés, avec des gradations sur les critères de complexité, de finesse, et de garde lorsqu’on monte en gamme. Mais en réalité, c’est pour ainsi dire « seuls » que les raisins trouvent leur place en cave. Contrairement à la large majorité de nouveaux installés qui viennent à la viticulture par passion pour le vin, je fais partie de la génération de Languedociens qui est arrivée au vin par passion pour la viticulture.
Et cette passion pour la viticulture vous conduit à vous engager en agriculture biologique dès 2007…
Je ne sais pas si on peut le dire ainsi. Intuitivement et peut-être parce que le climat et les plantations au carré faites par les anciens le permettaient plus qu’ailleurs, je n’avais jamais utilisé de désherbant chimique : la vie des sols garantit cette puissance du terroir de Faugères à laquelle je crois. Petit à petit, l’utilisation de produits conventionnels de protection m’est devenue toujours plus pesante. Jusqu’au jour où, pour être en accord avec ma philosophie personnelle, je n’ai plus pu y avoir recours. Dans la nature et donc en agriculture, tout est imbriqué et lié. Je tente de fondre mes pratiques dans les équilibres naturels.
Vous et trois autres vignerons du Faugérois êtes à l’origine de la création du collectif Les Enherbeurs. Comment en êtes-vous venu à vouloir expérimenter l’enherbement semé ?
Quand tout va bien, on se pose assez peu de questions. Mais lorsque les problèmes surviennent, on commence à « phosphorer » ! Or en 2003, je connais des problèmes de ravinement importants sur mes vignes de pentes labourées. Je décide d’y laisser pousser l’herbe de façon spontanée afin de préserver le système naturel de rétention du sol. Les résultats sont concluants mais d’autres problèmes surviennent : certaines vignes vivent mal cette concurrence. Or Cédric Guy, Boris Feigel, Antoine Rigaud et moi nous sommes retrouvés simultanément confrontés à ces questions d’enherbement. On a beaucoup échangé, fait des recherches et décidé d’expérimenter une autre forme d’enherbement. Semé cette fois afin de contrôler la concurrence, mais aussi d’enrichir la vie des sols de par le choix des semis. Il a fallu investir dans du matériel : on l’a fait ensemble et la CUMA était née ! Notre premier semis – avec des féveroles – date de 2006.
Êtes-vous satisfaits des résultats ?
L’expérimentation est toujours en cours, et on s’adapte d’année en année. Mais globalement, oui : les résultats sont visibles en matière de développement vie microbiologique. On fait des fosses régulièrement pour les constater, les vérifier. On observe attentivement le comportement du végétal. Toutefois ces résultats sont difficilement mesurables et encore plus difficilement attribuables à une pratique en particulier. Agriculture biologique, confusion sexuelle, enherbement, recours à des pulvérisations d’algues qui booste le système immunitaire des vignes, troupeau de moutons dans les parcelles : c’est une somme de détails qui améliore la santé du vignoble. Mais aujourd’hui, on doit aussi tenir compte du changement climatique pour décider des évolutions qui permettront de garantir la pérennité de l’appellation…
Que voulez-vous dire ? Le changement climatique mettrait Faugères en danger ?
Je ne suis pas particulièrement effrayé mais il est bien évident qu’il va nous falloir nous adapter. Le changement climatique peut en effet modifier toutes les appellations telles qu’on les connaît. Il influe sur le comportement des vignes, et donc leur production tant en matière de quantité qu’en matière de profil des vins. Alors l’avenir se prépare aujourd’hui. Il me semble nécessaire de réfléchir à l’adaptation de l’encépagement par exemple. Je compte privilégier les cépages autochtones. La plantation obligatoire de Syrah ne me semble plus faire autant de sens qu’à l’époque où les anciens ont construit l’appellation. Faugères a d’ailleurs, je crois, atteint un âge de maturité qui permet aujourd’hui aux vignerons de la penser autrement, par eux-mêmes en assumant son identité et en tenant compte des contraintes imposées par la nature avant toute autre chose. Celles qu’on connaît et celles qu’on aperçoit.
INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, FREDERIC ! »
Si tu étais un végétal du vignoble ? Un arbousier
Une cuvée de confrère à suggérer ? Tarroussel du Château La Liquière
Un accord Musique & Saint-Antonin à suggérer ? Fleetwood Mac avec un verre des Jardins
Le vin, c’est plus qu’une boisson, c’est… ? Ma vie…
Ce qui te met des étoiles dans les yeux ? Ces moments de grâce vécus entre amis, quand tout donne l’impression de flotter.
Hameau de Lenthéric
34480 Cabrerolles
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