Domaine Léon Barral Didier Barral
Hameau de Lenthéric
34480 Cabrerolles
Tél : +33 (0) 4 67 90 29 13
Fax : +33 (0) 4 67 90 13 37
Site web : http://www.domaineleonbarral.com
A la vigne, dans la nature, il est en quête d’équilibre. En cave et dans la bouteille, c’est toujours plus de pureté et de fluidité qu’il recherche. De la visite de son vignoble parsemé d’arbres en tout genre, de vaches et même de cochons, à celle de son chai où il ne manque pas de proposer un morceau de comté, sa passion est presque tangible. Rencontre avec Didier Barral : un vigneron à la passion grandeur nature !
La passion grandeur nature
Le ruisseau de l’enfance
Natif du Faugérois, Didier grandit à Lenthéric, très pittoresque hameau entouré de vignes et de maquis sur la commune de Cabrerolles. Valinière, le ruisseau qui coule jusqu’au village voisin, il le connaît par cœur : enfant, il passait des journées entières à y pêcher des poissons et des grenouilles.
Fils de coopérateur, c’est au milieu des années 1980 qu’il rejoint l’aventure viticole familiale. Il cherche à comprendre. Si les questions qu’il pose agacent parfois et ne trouvent la plupart du temps pas de réponse (satisfaisante), le jeune vigneron observe, réfléchit, expérimente et tire des conclusions. Il commence – lentement mais on ne peut plus sûrement – une sorte de révolution qui rompt avec la génération de son père et renoue avec celle de son grand-père. Les cinquante années précédentes ont en effet privilégié la monoculture, introduit la chimie de synthèse et la mécanisation dans le vignoble, faisant ainsi disparaître le cheval, les animaux, mais aussi les végétaux qui faisaient obstacle au passage du tracteur. Mais la sensibilité de Didier l’amène à voir la viticulture autrement. Et le souvenir de ce cours d’eau jadis très poissonneux, de cette nature bercée par le chant des oiseaux, belle et pleine de vie(s) y est sans doute pour beaucoup.
Non aux sols-parapluies !
En 1993, c’est le grand saut : la cave particulière est créée. Au départ, c’est au chai que Didier peut s’exprimer le mieux : « Mes idées remettaient en question l’esprit de l’époque, raconte-t-il. Par chance, comme mon père venait du milieu coopératif, il me laissait le champ complètement libre en cave où j’ai toujours cherché à élaborer des vins d’une grande fluidité. D’où mon intérêt pour le vin naturel d’ailleurs. D’où aussi les premiers grands changements opérés à la vigne. ». 1995 est une année de sécheresse excessive. La récolte est petite et concentrée. « Mais certaines cuves se goûtent mieux que les autres, explique-t-il : les jus sont plus fluides, plus frais, et contiennent effectivement plus d’acidité. Mais on n’a pas de suite compris pourquoi. ». Ce n’est que l’année suivante, qu’Eurêka ! : Didier fait le lien entre le labour croisé pratiqué sur ses vignes de gobelets, la perméabilité que cette pratique aux sols et l’acidité du raisin. Ce constat bouleverse toute l’histoire du domaine : tout est dès lors pensé pour servir cette perméabilité des sols. Et tellement plus encore en réalité.
En quête d’équilibre : l’évidence de la polyculture
Pour Didier, « le bio est un point de départ et surtout pas un aboutissement ». Ce qui l’intéresse en effet, c’est l’équilibre de l’écosystème tout entier. Aussi Didier Barral est-il non seulement vigneron, mais aussi oléiculteur, céréalier, éleveur, fermier, et peut-être même un peu garde-forestier. La polyculture est en effet rapidement devenue une évidence : « L’équilibre, explique-t-il, dans la nature, on le trouve dans la diversité. Diversité végétale et diversité animale. ». Dès 1995, il commence à planter une grande variété d’arbres et arbustes. Intuitivement d’abord, avant de comprendre que la riche biodiversité faunistique qu’ils abritent limite l’impact des ravageurs et la propagation des maladies. Ces haies font d’ailleurs également office de protection face au vent du nord qui assèche et érode les sols fragiles du territoire faugérois. Quinze ans plus tard, ce sont 6000 arbres supplémentaires qui sont plantés, et en 2020, Didier se lance à nouveau (!) dans un projet de plantations. Ses vignes, amendées notamment en BRF*, sont enherbées de façon spontanée et permanente. Les premiers essais de non-labour avaient en effet été menés dès 1998 : « J’ai fini par complètement abandonner le labour et à utiliser le rolofaca entre 2004 et 2005, explique-t-il : cela détruit les populations d’insectes et de vers de terre qui contribuent largement à la perméabilité des sols que je recherche. ». Afin de favoriser au contraire la vie et la reproduction de ces précieux alliés, près de soixante vaches – quasiment toutes nées sur le domaine, broutent l’herbe de ses vignes et y complexifie les sols depuis près de vingt ans. Et comme « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme » : leur viande est particulièrement goûteuse, leur graisse utilisée pour faire du savon, et leur cuir a même servi à fabriquer des chaussures à ce vigneron !
Un vigneron-funambule en quête de pureté
Chantre des vins naturels reconnu dans de grands restaurants gastronomiques, c’est avant tout une quête de fluidité et de pureté que poursuit Didier Barral. Or : « Faire du vin naturel, c’est une prise de risque, explique-t-il. On est toujours sur le fil. Cela nécessite une grande maîtrise qui ne s’acquiert pas en claquant des doigts, mais au prix de beaucoup de travail, d’erreurs, d’échecs et de réussites.». Alors : tri sévère à la vendange, pas d’égrappage sur les Rouges, pas de levurage et pas de sulfitage, sauf cas exceptionnel à la mise en bouteille. La vinification est sensiblement similaire d’une année sur l’autre afin de respecter les spécificités du millésime. C’est que pureté rime aussi avec authenticité. Sa recherche permanente de fraîcheur ne l’empêche pas de récolter ses raisins à maturité et pas avant : « On est dans le Sud ! s’exclame-t-il. Les jus sont forcément plus concentrés qu’en Alsace ou dans le Beaujolais ! ». Fervent défenseur du Terret, cépage blanc et gris pour ainsi dire oublié, Didier trouve dommage que cette variété autochtone et particulièrement adaptée au climat ne soit pas reconnue par le cahier des charges de l’appellation Faugères.
Boire, manger, penser nature
« La nature : il ne pense qu’à ça ! » s’exclame Martine, son épouse, quand elle raconte qu’il revient souvent avec une nouvelle plante sauvage inconnue dans la main, ou qu’il a volontairement laissé des trous dans la façade de sa maison pour que les chauves-souris et les oiseaux puissent y nicher. Loin de se satisfaire de ce qu’il a compris, Didier continue en effet de s’interroger, s’informer, se former. Car devant la nature, on ne peut que faire preuve d’humilité : « C’est une erreur de chercher à la dominer, dit-il. C’est à la fois idiot et impossible. ». Lui, au contraire, essaie de vivre avec et pour la nature. Et bien plus qu’une philosophie de travail, c’est une philosophie de vie, qui l’amène vers toujours plus de projets. Sa nouvelle cave, enterrée, voutée et construite en pierre de schiste – « la pierre du lieu ! » - est pensée pour être le moins énergivore possible. A terme, il aimerait la rendre entièrement autonome. En attendant, il plante des arbres. Encore. Car aujourd’hui encore, le souvenir du petit ruisseau poissonneux de l’enfance porte ce vigneron passionné vers un idéal d’agroécosystème où chaque être vivant a un rôle important à jouer. L’Homme autant que tout autre.
INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, DIDIER ! »
Ton lieu préféré sur l’AOP ? Valinière, le ruisseau de mon enfance !
Ta devise ? Pour être heureux, il faut cultiver son jardin.
Le vin, c’est plus qu’une boisson, c’est… ? De l’émotion !
Si tu étais un cépage ? Le Terret parce qu’il est méditerranéen, et qu’il faut bien que quelqu’un ne l’oublie pas !
La couleur de Faugères ? Couleur lumière du ciel !
Hameau de Lenthéric
34480 Cabrerolles
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