Domaine Cauvy Sophie et Philippe Cauvy

Domaine Cauvy - Sur rendez-vous seulement
Montée des Fontenelles
34600 Caussiniojouls
Tél : +33 (0) 6 82 12 04 34
Mobile : +33 (0) 6 72 62 23 20
Email : contact@domaine-cauvy.com
Site web : http://www.domaine-cauvy.com
Menant de front deux activités, Philippe et Sophie Cauvy sont formels : s’ils venaient à devoir choisir, ils choisiraient la viticulture. Sans hésitation. Comme un lien indéfectible entre le passé et le présent, entre les Hommes et la nature, leurs vignes faugéroises porte en effet l’histoire de trois générations de Cauvy. Et, ils l’espèrent, peut-être quatre.

Le terroir fait tout ! (ou presque)

Trois générations de Cauvy se sont succédées sur l’appellation Faugères, chacune d’entre elle menant de front deux activités. Mais vous dîtes que votre attachement profond va à la vigne en priorité…

Absolument. Mon grand-père Emilien est devenu vigneron pour ainsi dire par un tour du destin, en épousant sa femme, Madeleine. Lui venait des Hauts-Cantons où il était marchand de matériaux, elle était originaire de Caussiniojouls et y possédait des vignes qu’elle aimait profondément. Chacun tenant à ses racines, ils ont décidé de ne renoncer à aucune des deux activités. Mon père, Pierre, s’est encore davantage passionné pour la viticulture, mais il a perpétué ce qui est devenu pour ainsi dire une tradition : je marche dans leurs pas en continuant à mener de front les deux activités. Je n’ai jamais eu à choisir entre l’un ou l’autre secteur, mais nous sommes bien plus intimement liés à nos vignes ! On espère que l’une de nos filles souhaitera prendre notre suite. Peut-être même les deux !

D’où vous vient cet attachement au vignoble justement ?

Il porte l’histoire de notre famille, celle de la passion de mon père… Il s’est beaucoup investi pour le restructurer afin de pouvoir élaborer des vins du Cru Faugères. Je l’ai aidé à la vigne dès l’enfance, et j’ai pris en charge la vinification dès que j’ai eu dix-huit ans ! Avez-vous remarqué à quel point c’est beau ici ?! Depuis le village où on est à près de 300 mètres d’altitude, les effluves d’iode et de de garrigue nous traversent dès qu’on met le nez dehors ! Au loin, on voit la mer Méditerranée, les Pyrénées. Juste devant nos yeux, le paysage est comme constitué de milliers de petites facettes aux nuances de vert : des verts de vigne, des verts de végétation sauvage. Avouons-le, quitte à paraître chauvin : c’est splendide ! Et peut-être même un peu magique…

Ce territoire, l’appellation Faugères, est reconnu pour faire des vins plutôt exceptionnels en Languedoc. Qu’en pensez-vous ?

On fait de bons vins partout de nos jours, même en plaine. Mais il y a ici un « petit quelque chose » qui fait la différence. Difficile de dire à quoi ça tient exactement, mais sans doute à une complexité qui combine finesse des tanins, longueur, et notes subtiles – minérales ou aromatiques… Il est très intéressant de réserver une cuve pour chaque parcelle d’ailleurs pour saisir toutes les nuances du terroir. Mais parfois, c’est étonnant, l’assemblage dès mise en cuve peut également donner des résultats superbes ! Nos vins sont toujours très appréciés et nous ne pouvons pas nous empêcher d’en être fiers. Mais à partir du moment où les raisins sont rentrés en cave, nous n’y sommes plus pour grand-chose : le terroir fait tout ! A nous, donc, de le choyer.

C’est-à-dire ? Quels soins particuliers apportez-vous au vignoble ?

Le premier soin, c’est de l’observer attentivement. Je n’applique aucun produit de protection de façon systématique. D’ailleurs, en soi, je déteste avoir à en utiliser. Mais nous n’avons malheureusement pas le choix parfois. Je ne dis pas que je ne me suis jamais fait avoir, mais avec l’expérience, on sait repérer les signes d’alerte et leur degré de gravité. Alors on sait aussi davantage quand et comment agir pour lutter contre les maladies ou les nuisibles : ni trop tôt, ni trop tard et surtout jamais si ce n’est pas absolument nécessaire. Chaque parcelle se comporte différemment en fonction du cépage, de l’exposition au soleil et aux vents. Si on passe le cap de la fermeture de grappe sans embûche, on peut arriver à réguler avec l’utilisation de cuivre et de soufre.

Cela vous arrive donc de ne pas protéger vos vignes contre les maladies ou les nuisibles ?

Oui. Je fais d’ailleurs régulièrement des expériences pour tester l’utilité des traitements : une parcelle protégée, l’autre pas. Et en 2020 : j’aurais pu tout aussi bien ne pas traiter, le résultat est le même ! Mais attention, c’est loin d’être une règle générale. Chaque millésime est différent, et encore une fois chaque vigne également. L’observation reste le seul guide.

Avez-vous pensé à avoir recours à la confusion sexuelle, voir à faire certifier le Domaine Cauvy « Haute Valeur Environnementale », voire à la bio ?

Malheureusement, en menant nos deux activités de front, la bio n’est pas envisageable à ce jour : il nous faudrait des semaines de quatorze jours pour le faire correctement ! En revanche, nous projetons de prendre le temps de nous pencher très prochainement sur la confusion sexuelle, sous réserve que l’on puisse constituer un ilot avec nos voisins. Idem pour la certification HVE.

Vous avez renoncé aux élevages en barriques, qui sont communément reconnus comme favorables à la garde des vins. Pourquoi ? L’élaboration de vins de garde ne vous intéresse pas ?

Si, bien sûr ! D’autant que les vins de Faugères s’y prêtent particulièrement bien ! Mais je ne suis pas d’accord avec l’idée qu’un vin se garde mieux parce qu’il est élevé sous bois. Il y a quelques années, j’ai ouvert un vin qu’on avait élevé en cuve béton et mis en bouteilles il y a 25 ans. Incroyable : il n’avait rien perdu en couleur, alors que je m’attendais à des nuances orangées… Et la bouche était encore extraordinaire d’arômes de cerise ! Par ailleurs, j’ai littéralement été écœuré par l’époque des élevages grossiers, parfois même destinés à masquer des défauts. J’apprécie les pures expressions du fruit, l’authenticité des vins sans maquillage. Pour optimiser leur garde, j’ai tendance à penser qu’il faut limiter leur teneur en SO2. Alors je limite l’élevage en cuve où ils me semblent plus exposés, et je les laisse vieillir tranquillement en bouteille avant de les mettre sur le marché quand ils me semblent prêts.

Quels projets pour l’avenir au Domaine Cauvy ?

Je m’intéresse justement et de plus en plus sérieusement à l’élevage en cuves ovoïdes en béton, qu’on peut compter parmi les projets à court terme. Pour le reste, on manque vraiment de temps, mais à plus long terme, on projette de travailler sur l’intégration esthétique de notre cave au paysage et au patrimoine local. On a également envie de rénover l’un de nos bâtiments pour en faire un joli caveau à même d’accueillir les visiteurs. A partir de là, on pourra imaginer tout un tas d’animations pour faire découvrir vins, terroir, paysage, histoire locale… On espère vraiment que nos filles auront envie de rejoindre cette aventure !

INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, PHILIPPE ! »

Si tu étais une plante du vignoble ? Quelque chose de rugueux ! (Rires) Le chêne kermès

Une cuvée de confrère de l’AOP Faugères à suggérer ? Cistus, du Château La Liquière

Le vin, c’est plus qu’une boisson, c’est… ? La vie !

La couleur de Faugères ? Mauve, comme les reflets de ses vins ou de ses couchers de soleil…

Un accord Musique & Domaine Cauvy à suggérer ? Scorpions, avec un verre de Campauvre


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