Château Anglade Antoine Rigaud
Montée des Fontenelles
34600 Caussiniojouls
Tél : +33 (0) 6 81 20 80 43
Fax : +33 (0) 4 67 23 46 88
Email : antoine.caussi@wanadoo.fr
Site web : https://chateauanglade.fr/
Faugères, c’est son pays : il n’y a pas d’autre endroit sur terre où il aurait souhaité vivre et exercer le métier de vigneron. Car les vins que le terroir d’ici marque de son sceau sont ceux qu’il aime. Alors de l’agriculture biologique à son engagement dans le collectif Les Enherbeurs, il fait tout pour le préserver. Rencontre avec Antoine Rigaud.
Faugères un peu, beaucoup… Passionnément !
Petit pays, je t’aime tellement.
Fils d’expatrié, Antoine naît en Norvège et passe son enfance entre la Tunisie et le Gabon. Mais chaque été, la famille Rigaud revient à Caussiniojouls dans le Faugérois, territoire auquel elle est fortement attachée par ses racines viticoles. Antoine y retrouve son ami de toujours, François Vidal, aujourd’hui vigneron du Château La Liquière. Ensemble, ils passent une enfance puis une adolescence comme on n’en connaît qu’à la campagne : « On jouissait d’une liberté incroyable : jouer en pleine nature, loin du brouhaha de la ville. D’un village à l’autre, tout le monde se connaissait. Plus tard avec François, on y a aussi fait les quatre-cent coups ! », s’exclame-t-il en riant. Et c’est également auprès de la famille Vidal qu’Antoine connaît ses premiers émois œnologiques et se fait piquer par une curiosité qui se meut chemin faisant en passion.
Ce territoire sauvage situé entre mer et montagne et où la beauté des points de vue est à couper le souffle, lui procure un sentiment de bien-être permanent. Cinq-mille hectares seulement, c’est un « petit pays » qu’il considère comme SON pays : « Cet équilibre entre zones cultivées et zones boisées font de Faugères la plus belle appellation du Languedoc !, s’exclame-t-il. C’est ici que je me suis toujours senti chez moi et je pourrais y rester éternellement. Alors, j’ai très vite su que je deviendrai vigneron. ». Au grand dam de sa mère qui lui oppose à l’époque qu’un vigneron de l’Hérault n’aura jamais d’autre destin que celui de « mourir de faim ». Mais âgé d’à peine vingt ans, il se lance malgré tout, avec pour seul bagage une furieuse envie d’apprendre et de réussir.
Un terroir-paradis, pardi !
Ici, le schiste rend le terroir sélectif : chênes verts, arbousiers, châtaigniers y poussent naturellement tandis que les cultures d’oliviers et de vignes sont sans doute les seules à pouvoir y résister aux fortes chaleurs et aux sécheresses tout en produisant des fruits de grande qualité. Le virage qualitatif opéré des « anciens » dans les années 1950 était d’ailleurs, selon Antoine, une nécessité : « Ils se sont rendu compte de ce que ce potentiel naturel avait d’extraordinaire, explique-t-il. Alors, entre la faiblesse des rendements et la qualité des vins comparativement aux vignobles de plaine, il n’y avait pas vraiment le choix. ».
Lui-même « toujours enchanté par les vins de Faugères » leur trouve une élégance naturelle, qui mêle finesse des tanins, fraîcheur, minéralité et complexité sur des arômes de garrigues assez prégnants. « Au risque de passer pour un chauvin, explique-t-il, je trouve que ce sont les meilleurs vins de la région et c’est le terroir qui parle avant tout. Michel Louison* disait d’ailleurs il fût un temps que Faugères était un terroir si exceptionnel qu’il en devenait un paradis pour les fainéants ! Imaginez quand on se donne un tant soit peu la peine... ». Lui essaie de faire les vins qu’il aime, c’est-à-dire la buvabilité particulièrement élevée et dont l’identité est profondément faugéroise – mais ça, il insiste encore : « Je n’y suis pas pour grand-chose finalement ».
Tout ce que je sais, c’est qu’on ne sait pas grand-chose
Dès 2008, Antoine entame la conversion de son vignoble à l’agriculture biologique. Les raisons qui l’y poussent sont multiples, mais il avoue que ce n’est pas sans crainte ni incertitude qu’il s’est lancé : « C’est en le faisant que je me suis rendu compte que j’étais dans le juste. Et avec le recul : la systématisation des traitements est une aberration, et pourquoi donc la vigne s’épanouirait-elle là où rien d’autre ne parvient à pousser ? C’est complètement illogique. Quant à mes vins : ils ont gagné en complexité. ». En cave, s’il ne se sent pas prêt à prendre le risque de se passer de levurage, il réduit drastiquement les doses de SO2 depuis plusieurs années.
De réflexion en recherche de solutions alternatives, le vigneron se lance aussi dans la confusion sexuelle, projet collectif qui lui permet de rencontrer Frédéric Albaret, Cédric Guy et Boris Feigel. Or tous rencontrent les mêmes problématiques d’érosion des sols et de qualité de raisins qui leur semble perfectible sur certains secteurs. Ils décident de s’unir pour partager connaissances, expériences et investissements : la CUMA Les Enherbeurs est née ! « Moi qui craignais tant l’herbe à une époque…, se souvient-il. Je me suis rendu compte qu’elle protégeait et faisait vivre le sol au contraire ! ». Les expériences d’enherbement semé et spontané se multiplient, conduisant à de jolies réussites ou de cuisants échecs mais surtout à la conclusion que l’agriculture et l’agroécologie ne sont pas des sciences exactes : « J’ai énormément appris durant toutes ces années et c’est une réelle satisfaction, explique-t-il. Mais force est de constater que nos connaissances restent encore très limitées. ».
S’adapter ou mourir
Pour Antoine, la durabilité est garantie par la capacité de l’Homme à évoluer. L’agriculteur joue ici un rôle particulièrement important : « La terre ne nous appartient pas, explique-t-il, il est donc primordial de se remettre en question en permanence et d’essayer de faire au mieux pour ne pas la ruiner ! Le changement climatique m’inquiète certes, mais on s’adaptera. Comme on le fait chaque année. On n’a pas le choix de toute façon : il va falloir s’adapter ou mourir. ». Et pour s’adapter au mieux, il échange souvent avec ses confrères, dont ceux qui ne pensent pas comme lui, afin de lutter contre les croyances infondées ou les convictions erronées, y compris les siennes !
« Faire toujours du mieux qu’on peut et rester cohérent en préservant le terroir de Faugères à chaque étape de la chaîne de production » : voilà ce qui permet selon lui d’élaborer de grands vins de terroir. Cela lui donne la satisfaction d’une sorte de « mission accomplie ». Aujourd’hui du moins. Et demain ? A chaque jour sa mission !
INTERVIEW « ÇA, C’EST VRAIMENT TOI, ANTOINE ! »
Si tu étais une plante du vignoble ? Un arbousier, joli, local, solide
Si tu étais un accord Musique & Château Anglade ? Château Anglade avec… un vieux Led Zep’ !
Ta devise ? Quand on s’attend au pire on n’est jamais déçu !
Le vin c’est plus qu’une boisson, c’est… ? Une philosophie !
La couleur de Faugères ? Le vert !
Montée des Fontenelles
34600 Caussiniojouls
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Site web : https://chateauanglade.fr/